Rencontre virtuelle_

Richard Canal et Philippe Caza ne se sont jamais rencontrés. L'un écrit des livres, l'autre les illustre, interview croisée, Aelhomin vous convie à une rencontre virtuelle entre les deux hommes.

Aelhomin :
 Depuis ton arrivée chez J'ai Lu, c'est Philippe Caza qui illustre tes romans. On t'a déjà demandé ton avis ?
R. Canal :
 Oui. C'est moi à une époque qui ai demandé que Caza illustre mes couvertures, et depuis je pense qu'il y a une osmose, que l'on se comprend, il voit un peu ce qu'il y a derrière mes bouquins. Il les lit, c'est déjà un bon point, parce que beaucoup d'illustrateurs ne le font pas, tandis que lui aime bien ce que je fais.
 
Aelhomin :
Donc tu es satisfait.
R. Canal :
 Oui. A un ou deux détails près, mais ça c'est normal, chaque artiste à sa propre vision du monde.
 Sur Les Paradis Piégés j'ai bien aimé le contraste entre le monde paradisiaque qui a ses couleurs pastels, et le monde horrible, qui précède le paradis, et dans lequel il y a des gargouilles sombres qui se penchent sur lui.
 
Aelhomin :
Vous avez déjà communiqué ?
R. Canal :
 On a déjà communiqué par E-mail, mais je ne lui ai jamais dit " tiens, tu pourrais représenter ça." Il créé de manière complètement autonome.
 
Aelhomin :
Il t'a déjà surpris ?
R. Canal :
 Toujours ! Toujours surpris, mais agréablement. Je pense qu'il comprend tout à fait ce qu'il y a derrière.
 Dans la trilogie Africaine il y a un truc qui m'a surpris, et même un peu dérangé. Si on regarde les couvertures de la trilogie on voit un personnage principal qui est de face d'abord, puis sur le second tome il est de profil et sur le troisième de dos. On suit la progression qu'il y a à l'intérieur de mes romans, et ça c'est assez admirable d'avoir senti ce revirement. Quelque part Swap-Swap, le premier, c'était un face-à-face, le second, quelque chose de biais et le dernier une fuite. Donc ça traduisait parfaitement. Le seul reproche que je pourrais faire, c'est que les trois couvertures avaient la même tonalité, la même disposition, ce n'était pas tranché. Mais du point de vue philosophique, il avait très bien saisi.
 
Caza :
 C'est absolument pas voulu, c'est absolument pas concerté. Et je ne m'en été pas aperçue.
 J'ai quand même chercher à créer une unité, autour de l'homme Noir et nu. Ce qui n'était pas évident dans le dernier, Aube Noire, parce que l'on est dans une optique réaliste, on est moins dans le fantastique. Mais j'ai voulu créer une unité, sur le côté personnage pris dans une gangue. Elle est technologique sur les deux premiers, puisque se sont deux histoires cyberpunk comme esprit, où l'on sent que les personnages sont mêlés à la machine, ce qui était beaucoup moins le cas dans le dernier. A part que là, il y avait l'aspect de ce personnage qui ne voulait pas quitter son pays, alors que tous les autres Noirs retournés vers l'Afrique, donc lui, j'ai voulu le faire enraciné dans la terre, dans sa terre de la Nouvelle-Orléans. Alors ça correspond plus ou moins à une image de l'histoire où il monte sur la colline, joue de la trompette, où le bateau part et lui reste. On est plus dans l'ordre du symbolique, ce n'est pas une illustration précise d'un moment de l'histoire. Mais c'est amusant qu'il y ait ce jeu avec les couvertures.
 
R. Canal :
 C'est vrai, l'unité y est. Les personnages pris dans la gangue, il a vraiment bien vu tout ça.
 
Aelhomin :
Sa vision d'Aube Noire ?
R. Canal :
 Elle est très juste. C'est vraiment le livre.


Illustration de Caza, © Caza.
© Aelhomin 2000