- Aelhomin :
- Depuis ton arrivée chez J'ai Lu, c'est
Philippe Caza qui illustre tes romans. On t'a
déjà demandé ton avis ?
- R. Canal :
- Oui. C'est moi à une époque qui ai
demandé que Caza illustre mes couvertures, et
depuis je pense qu'il y a une osmose, que l'on se
comprend, il voit un peu ce qu'il y a derrière
mes bouquins. Il les lit, c'est déjà un bon
point, parce que beaucoup d'illustrateurs ne le
font pas, tandis que lui aime bien ce que je
fais.
-
Aelhomin :
- Donc tu es satisfait.
- R. Canal :
- Oui. A un ou deux détails près, mais ça
c'est normal, chaque artiste à sa propre vision
du monde.
Sur Les Paradis Piégés j'ai bien
aimé le contraste entre le monde paradisiaque
qui a ses couleurs pastels, et le monde horrible,
qui précède le paradis, et dans lequel il y a
des gargouilles sombres qui se penchent sur lui.
-
- Aelhomin :
- Vous avez déjà communiqué ?
- R. Canal :
- On a déjà communiqué par E-mail, mais je
ne lui ai jamais dit " tiens, tu pourrais
représenter ça." Il créé de manière
complètement autonome.
-
- Aelhomin :
- Il t'a déjà surpris ?
- R. Canal :
- Toujours ! Toujours surpris, mais
agréablement. Je pense qu'il comprend tout à
fait ce qu'il y a derrière.
Dans la trilogie Africaine il y a un truc
qui m'a surpris, et même un peu dérangé. Si on
regarde les couvertures de la trilogie on voit un
personnage principal qui est de face d'abord,
puis sur le second tome il est de profil et sur
le troisième de dos. On suit la progression
qu'il y a à l'intérieur de mes romans, et ça
c'est assez admirable d'avoir senti ce
revirement. Quelque part Swap-Swap, le
premier, c'était un face-à-face, le second,
quelque chose de biais et le dernier une fuite.
Donc ça traduisait parfaitement. Le seul
reproche que je pourrais faire, c'est que les
trois couvertures avaient la même tonalité, la
même disposition, ce n'était pas tranché. Mais
du point de vue philosophique, il avait très
bien saisi.
-
- Caza :
- C'est absolument pas voulu, c'est
absolument pas concerté. Et je ne m'en été pas
aperçue.
J'ai quand même chercher à créer une
unité, autour de l'homme Noir et nu. Ce qui
n'était pas évident dans le dernier, Aube
Noire, parce que l'on est dans une optique
réaliste, on est moins dans le fantastique. Mais
j'ai voulu créer une unité, sur le côté
personnage pris dans une gangue. Elle est
technologique sur les deux premiers, puisque se
sont deux histoires cyberpunk comme esprit, où
l'on sent que les personnages sont mêlés à la
machine, ce qui était beaucoup moins le cas dans
le dernier. A part que là, il y avait l'aspect
de ce personnage qui ne voulait pas quitter son
pays, alors que tous les autres Noirs retournés
vers l'Afrique, donc lui, j'ai voulu le faire
enraciné dans la terre, dans sa terre de la
Nouvelle-Orléans. Alors ça correspond plus ou
moins à une image de l'histoire où il monte sur
la colline, joue de la trompette, où le bateau
part et lui reste. On est plus dans l'ordre du
symbolique, ce n'est pas une illustration
précise d'un moment de l'histoire. Mais c'est
amusant qu'il y ait ce jeu avec les couvertures.
-
- R. Canal :
- C'est vrai, l'unité y est. Les personnages
pris dans la gangue, il a vraiment bien vu tout
ça.
-
- Aelhomin :
- Sa vision d'Aube Noire ?
- R. Canal :
- Elle est très juste. C'est vraiment le
livre.
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