Ael :
Non, c'est intéressant parce que c'est un mouvement mais on se demande s'il appartient réellement à la SF. Il n'y a plus vraiment de genre ça n'a pas beaucoup d'importance...
J.C. Dunyach :
Tu as raison la SF a pénétré partout. C'est-à-dire que, je donne un exemple classique Houellebecq "Les particules élémentaires" : c'est un livre de SF à la fin il y a un personnage qui fabrique la race qui nous succèdent, bon c'est donc un thème de SF traité par une personne qui connaît la SF. Il a eu conscience d'écrire à la fin 25 pages de SF mais c'est passé en littérature générale, ça n'a gêné personne, il s'est retrouvé chez Pivot et les gens qui ont 40 ans comme moi, n'ont pas pu échapper à la SF étant jeunes. Ce sont des gens qui ont vu "2001 l'odyssée de l'espace" au cinéma, ces gens ont lu de la SF au lycée. Personne n'y a échappé. Donc que l'on le veuille ou non maintenant on a plus à se battre pour faire de la SF, on n'en met un petit peu partout, dans la littérature générale je vois de plus en plus de fantastique, de plus en plus de SF, de plus en plus d'éléments de magie...De la même façon qu'au cinéma la SF est très bien acceptée. Donc la SF, elle est tantôt prospective lointaine tantôt immédiate tantôt bizarroïde comme "Les fourmis" de Werber qui est quand même un des grands succès éditoriaux de ces dernières années. Je ne sais pas si on peut parler de mouvement, je crois qu'il y a des individus par exemple pour la SF tu parlais à prospective locale "Les Racines du Mal", c'est Dantec et pratiquement Dantec tout seul. Qui, avec le talent qu'il a, a pratiquement repris le genre à lui tout seul en France. Après est-ce qu'il y en aura d'autre, sera-t-il le seul ? C'est déjà suffisant qu'il soit là. Il y a aussi des gens qui écrivent, je pense à Michel Pagel en disant ça, des livres qui se passent à la fin du siècle dernier à l'époque de la Reine Victoria ou à Tanger dans les années 30 mais dans une réalité alternative où les choses ne se passent pas tout à fait de la même façon. Tout est possible, tout est intéressant et tout est amusant.
Ael :
Sinon, il faut peut-être le préciser, tu as écrit beaucoup de choses en SF. Tu as écrit un recueil de nouvelles "Autoportrait" chez Présence du Futur qui est d'ailleurs plutôt fantastique qui est très très bon mais assez particulier. Tu as fait de l'héroïc fantaisie au Fleuve. Tu as touché un peu à tout. Est-ce que pour toi tu fais toujours la même chose où est-ce que tu te compartimentes dans tes diverses éditions ?
J.C. Dunyach :
Tu me dis ça comme si je faisais ce que je voulais mais ce n'est pas vrai. Je raconte les histoires qui me viennent et je les raconte comme elles me viennent et j'essaie simplement de leur rendre justice. Les histoires, tu sais, c'est quelques choses qui te tombe dans l'oreille, qui te passe à portée de main, que tu reçois comme des cadeaux et la seule chose que tu puisses faire en tant qu'écrivain c'est de les restituer à ton tour aux autres sous une forme écrite. Donc quand il me vient une histoire de fantastique, j'écris du fantastiques, s'il me vient une histoire de fantasy, j'écris de la fantasy quand il me vient du space opéra, je fais du space opéra, j'aime tout. J'écrirai un polar (j'ai commencé d'ailleurs), j'écrirai peut être un livre de littérature générale, j'écrirai autre chose au fur et à mesure des idées qui me viendront et simplement parce que les histoires me seront données. Si un jour on ne me donne plus d'histoire je n'écrirais plus rien. Mais ça m'étonnerait.
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