Ael :
L'histoire vite faite de votre roman Etoiles Mourantes :
J.C. Dunyach :
Il y a des animauxvilles qui ont la faculté de se déplacer dans l'espace et instantanément, c'est-à-dire qu'elles peuvent sauter d'un certain point à un certain point en amenant des gens. Au moment où le livre commence, il s'est passé ce que l'on a appelé la séparation, c'est-à-dire que quelques siècles plutôt un certain nombre de branches extrémistes humaines avaient commencé littéralement à ce ficher sur la gueule (comme au Kosovo) et les animauxvilles pour éviter une dernière guerre mondiale qui aurait probablement anéanti l'essentiel de l'humanité a tout simplement pris les gens qui le voulaient et les a amenés aux quatre coins de la galaxie dans des coins suffisamment éloignés pour qu'ils ne se voient pas. On a quatre branches de l'humanité, chacun dans son coin. La branche la plus nombreuse est de loin celle qui est restée sur les 28 planètes colonisées par la Terre. Il y a une branche qui est une branche paramilitaire qui occupe un petit système solaire dans un coin mais qui sont des guerriers solides qui vivent en permanence dans des armures que l'on leur greffe. Il y a un troisième groupe qui eux ont multiplié les contacts avec les animaux villes et qui donc vivent véritablement en symbiose avec les villes qui sont ce que l'on appelle les organiques qui ont la faculté de se greffer des embiotes, des bestioles qui les aident à mieux communiquer avec les villes et à devenir autre chose et pour finir il y a un quatrième groupe qui s'appelle les connectés qui eux passent leurs temps connectés 24 heures sur 24 par une espèce d'antenne qu'ils ont greffés au niveau des fesses et qui les mets en permanence en contact les uns avec les autres. Ils ne sont plus jamais seuls. Et ces gens-là sont de plus en plus fragiles parce qu'ils ne savent plus rêver tout seul, ils ne savent plus s'abstraire. L'héroïne qui elle est capable un petit peu de s'abstraire va faire de la prospection en espace, elle a environ 8 heures d'autonomie et encore à condition d'emmener un scaphandre avec des paquets de données congelés qui simulent pour elle l'existence des autres. Chacun de ses quatre groupes s'est coupé du reste. Chacun d'eux est malheureux et en même temps il a reconstitué une façon de se sentir moins seul.
Au début cela se passe comme ça. Le problème évidement c'est que l'un des rameaux en l'occurrence les mécanistes, les méchants, a décidé de se débarrassé une bonne fois pour toutes des trois autres et de conquérir la galaxie et ils semblent avoir trouver un moyen d'eux aussi faire comme les villes, de sauter d'un point à l'autre. Or, à ce moment-là, se produit ce que l'on appelle une super nova, c'est-à-dire une étoile qui va exploser, et les villes comme à chaque fois rassemblent des représentants de chacun des rameaux humains autour de cette étoile qui va exploser quelques jours avant l'explosion justement pour face à ce spectacle là les forcer à réfléchir, à ce parler les uns les autres. Evidemment les gens qui sont là découvrent le complot mécanistes et ils ont 48 heures avant que ça pète pour résoudre le problème.
Ael :
Pour revenir sur ces quatre branches de l'humanité, d'abord qui de vous d'eux les a créé ou est-ce une symbiose ?
J.C. Dunyach :
Ça, c'est une surprise. Disons que se sont quatre branches que nous nous sommes partagés, la création a été souvent plus l'un que l'autre mais il n'y a pas eu de création pure. On ne peut pas dire ça c'est à moi, ça c'est à lui.... Ni Ayerdhal ni moi n'avons fonctionné seul. Et on vous dira pas qui c'est. D'ailleurs en le lisant cela ne devrait pas trop être apparent enfin on l'espère. Une chose est sûre, on avait pris beaucoup de note sur ces groupes-là, sur ces rameaux et aussi sur le fait que chacun d'eux se coupant de l'humanité, c'était coupé de quelque chose d'essentiel et que la meilleure façon de fonctionner, c'était de fonctionner ensemble. C'est ce que l'on a essayé de montrer.
Ael :
Es-ce qu'il y a eu une envie de dénoncer certaines choses, hasards du calendrier, collision des idées au niveau des connectés il y a un film de Cronenberg, "Existenz" qui joue actuellement où les gens sont connectés à des jeux où eux-mêmes sont connectés à une prise qui a quelque chose d'anal et ils ont ce besoin aussi d'être ensemble. Derrière le film, on transparaît ou est la réalité ce besoin perpétuel d'être tout le temps dans ces univers virtuels. Cela correspond aux connectés. Est-ce que vous avez voulu montrer ce que pourrait devenir certains traits de la technologie s'ils étaient exacerbés ?
J.C. Dunyach :
C'est un hasard du calendrier puisque je crois que le livre "Etoiles Mourantes" et ce film sont quasiment sortis en même temps. Nous, cela faisait quatre ans et demi que l'on travaillait là dessus et je pense que Cronenberg aussi donc on ne s'est pas copié. Ce qui est quand même important c'est que ce sont des idées qui sont dans l'air du temps et c’est clairement apparent pour moi qui passe une partie de ma vie au contact d'internet ou en discussion avec un certain nombre de communautés virtuelles pour faire des avions puisque je travaille à l'Aérospatiale, ou dans d'autres activités. Je me rends compte qu'il y a des gens qui sont en train de se rassembler en tribus non pas des tribus ethniques, de couleur, de religion etc.. mais des tribus de goûts et d'activités personnelles ce qui fait qu'il y a la tribu des amateurs de saucisses, la tribu des fanatiques de SF, etc... Et ces gens qui sont dispersés aux quatre coins du monde et qui se parlent par internet et qui ont tendance à ne vivre qu'entre eux parce qu'ils se ressemblent et que petit à petit on transforme l'humanité en une série de secteur fragmenté ou les gens ne parlent plus qu'à leurs doubles. Je ne suis pas du tout effrayé. Mais cela nous a frappé et nous a donné envie au niveau des connectés de pousser les choses jusqu'à l'absurde. Et puis je me suis moi demandé quel effet ça pourrait bien être de ne même pas pouvoir s'endormir en étant seul. C'est-à-dire d'être en permanence aux contacts des rêves des uns des autres et j'ai essayé d'y répondre.
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