- Aelhomin :
- Caza, vous ne faites pas que de la BD, vous faites aussi de l'illustration de
romans, de jeux et de CD ROM. Comment êtes-vous venu à l'illustration et
surtout dans le fantastique ?
- Caza :
- C'est venu en même temps que la bande dessinée, parce que je suis lecteur
de science-fiction et de fantastique depuis mon enfance. Quand j'ai commencé ma
carrière, ça allait complètement en même temps, la BD, l'illustration et
spécifiquement l'illustration de SF, ça c'est ce que j'aime, c'est ça que je lis
et finalement j'ai voulu faire de l'illustration pour faire de la SF.
-
- Ael :
- Est-ce que vous lisez toujours les livres que vous illustrez ?
- Caza :
- Je lis toujours les livres que j'illustre, quelque fois rapidement mais je
les lis et j'y pêche ce qui m'intéresse. Alors le domaine du jeu, par contre,
je me suis trouvé là-dedans suite à des commandes. Mais des commandes
n'arrivent pas par hasard, dans la mesure où j'ai acquis une notoriété dans
le domaine de la SF évidemment des éditeurs vont s'adresser à moi sachant ce
que je fais. Et moi cela me va très bien, car c'est des domaines parallèles,
travailler pour un jeu, un film, un roman ou un CD-ROM dans la mesure ou c'est
du fantastique : je suis dans mon élément. Pour moi, tout mon travail est un
univers cohérent dans lequel l'axe, la colonne vertébrale, est la science-fiction.
-
- Ael :
- Au niveau des romans, vous dites : je prends une partie qui m'intéresse. Vous
vous attachez à un détail, une ambiance ?
- Caza :
- Pour travailler la couverture d'un livre, il y a des tas d'approches possibles,
et je dirais tout est possible. Parfois cela va être prendre une scène
précise et la traiter comme je la traiterais dans une case de BD ; parfois
c'est prendre le personnage principal et mettre une ambiance autour ; parfois
c'est combiner plusieurs éléments qui sont dans le bouquin, faire une sorte de
collage pour donner une vue un petit peu globale du livre, voilà il y a des tas
d'approches possibles. Mais j'essaie toujours de respecter quand l'auteur donne
des détails précis, visuels. De suivre au plus prés les détails et de ne pas
faire de fausse note en faisant le personnage principal aux cheveux blonds si
l'auteur le décrit avec les cheveux bruns.
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- Ael :
- Sur les couvertures, vous suivez un auteur, par exemple Richard Canal ou Tim
Powers, c'est une volonté de la maison d'édition ou de vous ?
- Caza :
- Suivre un auteur est une volonté de la maison d'édition, qui un peu
systématiquement à partir du moment où j'ai commencé une série me dise
" il faut que tu continues avec cet auteur " sauf si moi je leur dit :
non, vraiment, c'est pas possible. Mais c'est rare que cela arrive. Moi j'aime
bien ce côté-là, je vois revenir les auteurs avec parfois beaucoup
d'impatience. Par exemple, là, je viens de faire le dernier Lois McMaster Bujold,
la série des Vorkosigan, c'est une série que j'adore et
je suis un des premiers à l'avoir lu en France. J'ai mes auteurs fétiches,
du coup.
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- Ael :
- Ce n'est pas dur de passer de Asimov avec ses robots au cycle de Tchaï ou
l'on voit plus de chair ou d'écaille ?
- Caza :
- Changer d'esprit, d'auteur, ce n'est pas dur, c'est amusant. Il y a des
choses que je fais avec plus ou moins de facilité ou plus ou moins de plaisir
sur le moment mais j'arrive toujours à trouver du plaisir dans tout ce que je
fais. Quand je fais du grain, de la matière terreuse, ce n'est pas le même
genre de travail que quand je travaille du métal pour le rendre brillant, bien
lisse. Mais j'aime bien changer, changer de matière, même changer de manière,
mêler plusieurs outils et adapter mon style à l'auteur. C'est ce qui fait que
pour les couvertures de livres pour moi cela ne tombe jamais dans la routine,
j'ai toujours quelque chose à expérimenter. C'est intéressant d'avoir
l'occasion de changer, donc d'apprendre, des choses.
Retrouver une interview croisée
de Richard Canal, l'écrivain, et de Philippe Caza, l'illustrateur.